Beaumont en Verdunnois

Beaumont , un  Km et demi au sud du bois des Caures , village détruit. exepté le cimetiére, épargné, situé au fond -droite de la photo. Sapes , effondrées, obus, grenades,....    Ambulance, exposition ancienne église Saint-Joseph.

    - Abris en tôles métro allemandes, derrière les maisons de Beaumont , rasées ; un gros arbre s' est installé . Les arbres ont été plantés ou se sont ré-installés là où il y avait des champs, des prés, des jardins , tout autour des villages détruits ; volonté des Anciens Combattants de l ' époque.

  Témoignage : " j' étais Garde-forestier , il y a plus de trente ans , dans le secteur de Verdun : nous refaisions des chemins  de bois situés dans la Zone Rouge . Bien sûr , nous savions qu ' il y avait danger en travaillant avec une pelleteuse de taille moyenne ; on travaillait sur des talus , que l ' on creusait afin de refaire des fossés d' écoulement des eaux ; on trouvait des obus non éclatés, et un peu de tout . A un certain moment, le godet a accroché des planches ; et sont apparues trois ou quatre caisses en bois grandes comme des cantines ; elles contenaient toutes , bien rangés et bien préservés - 60-65 ans aprés , des étuis de pistolets, les pistolets, les chargeurs, les boites de cartouches . C' étaient des pistolets type Browning,Hammerless , sans chien apparent , marteau à l ' intérieur du boitier de culasse , marque Ruby, fabriqués à Eibar - Espagne, Pays Basque espagnol-( et portant tous le même numèro , quelquefois ) , calibre 7,65 mm . Le déminage ou l ' armée les ont  pris en charge....Les caisses avaient été déposées au pied d' un talus, puis des obus avaient dû les recouvrir d' un peu de terre, les porteurs, chefs et-ou attributaires avaient dû disparaitre , volatilisés, ou partis ailleurs, et les caisses de pistolets avaient commencé à dormir au pied de leur talus, en bord de chemin....." ( .....Dés 1915- début- , l ' armée, bien que croyant , et s' obstinant à attaquer , avec des moyens insuffisants, que les offensives françaises vont réussir, l ' armée se rend compte que le matériel fusil long et baïonnette ne convient pas , et qu ' il faut des armes courtes ( et qu 'il faut beaucoup d' obus , énormément d' artillerie ) ; le fusil Lebel, plus la Rosalie, atteignent les 1,83 mètre de long ; çà n ' est pas du tout pratique dans des petits espaces ; celà date de la charge '" à la pique" de sous Louis XIII, ou encore d' Austerlitz, où le fusil avait sa zone d' efficacité entre 100 mètres et " le blanc des yeux" ; donc , " il fallait piquer , en courant sus à l ' aversaire ; les Allemands ne faisaient pas mieux ( " attaque au coude à coude, sur huit rangs , en hurlant Vorwaerst, J.L TUDAINE," la bataille de Mons") ; comme l ' industrie d'armement française , faible, était  déjà submergée par les commandes et besoins, et le manque de machines-outils, et d' ouvriers- mobilisés-, l ' Armée a acheté des pistolets Ruby , et Star , aux usines basques , d' Eibar , Bilbao, etc; pis- aller, car ces armes étaient plutôt des armes de gangsters, civiles, mauvais aciers , pour tuer à bout portant, que des armes de guerre; " nous manquions de tout ; en face , ils avaient tout ", Marc BLOCH " Ecrits de guerre" , bois de la Gruerie , Janvier 1915.)   Note - bas " petit truc sur le Ruby-Eibar "....

Tourterelles et  obus de 75 et de 77(encore fusée goupillée) en ras de sol ...Batterie d' artillerie 738 , ( ou 3908 ? ?) détruite , pied Est de Douaumont... ( bien au Sud de Beaumont ...)( Vaux )  .Comportait deux plateformes avec un canon de 155 court, deux soutes , deux abris et une vingtaine d' hommes.Combats horribles fin Mai 1916 puis au 24 Octobre ; zéro tranchées : le nivellement par les obus est passé par là... Trois choses remarquables : - l ' obus de 75 mm est plus volumineux que celui de 77 mm allemand ; normal , il provient du 1897 modèle C , et non du modéle B , "faux canon" destiné à " bourrer les poches " au Renseignements allemands, afin de les "faire construire" ( ou laisser construire le ( petit) canon de 77 mm modéle 1896 , sans récupérateur de recul - sauf bêche- à 5050 exemplaires , tandis que les Français construisaient le " vrai" 75 mm ( c' est cher , rien qu ' un tube de canon en acier forgé-foré : 10000 euros !); - la ceinture de cuivre de l ' obus de 75 mm a disparu ; faut être gonflé de l ' extraire , une fois l ' obus tiré , tombé et non éclaté  et prêt à sauter ! ; - l' obus de 77 mm a une ceinture en alu : plus de sous , plus de matières premières à cause du blocus.

  Petit-témoignage ,in situ : "j' ai nettoyé un terrain pour y construire un garage, et faire du jardin, au pied des côtes ( endroit X) ; j ' ai donc trouvé des obus, tirés , pas tirés ; je les ai mis en tas au pied de mon terrain , qui est un peu à l ' écart du village , afin que les démineurs les embarquent un jour ; et au fil des jours, les " parisiens" ont fait s' abaisser ce tas d' obus!.....Faut être inconscient" ( Il n ' y pas que les Parisiens, mais des gens " d' outre-Meuse !"....). 

Abri d' infanterie D V 2 , pour une centaine de fantassins , écrasé par les artilleries - françaises surtout- une fois l ' abri conquis par les Allemands  , vers le " Tacot".

 - " Attention ! Comme un aimant , " comme un astre mort" ( Historia Mai 1966, Cinquantenaire) , Verdun attire ; et à trop s' approcher ,.on risque de s' y brûler les ailes !.....Il y a des lieux chargés de" quelques choses" et qui ne sont pas inertes et impersonnels ...."

 - Témoignage quant à Verdun et à l ' usage des lance-flammes . " - Je suis arrivé dans les Ardennes début 1966 afin de remplacer un " vieux "Controleur de Brigades de Douanes , ancien Adjudant-Chef ( de Douanes) qui dirigeait une grosse brigade , et qui allait partir en retraite , ayant atteint les 58 ans, donc plus de 38 ans de service . Il y avait alors , dans les Ardennes , pratiquement 660 douaniers pour garder la frontière du département; mais c ' est que la fraude de tout  était intense , par la Belgique , venant du port d' Anvers, ou de Rotterdam ; certains fraudeurs- entreprises !- , sur le plateau de Rocroi utilisaient un Half-track pour passer à travers champs , haies et clôtures.....  ( en 1936 , ils étaient 1200 ! rentabilité ?...) - Ce monsieur alerte me raconta une fois , en passant à Nouzonville : "- Je suis natif de Nouzonville ; j ' avais alors huit ou neuf ans , et j ' ai vu arriver un cavalier trés haut , passer en revue les troupes allemandes qui stationnaient à Nouzonville ; le grand cavalier , qui venait de Bel--Air , chateau sur les hauts de Charleville , était le Kronprinz ; aprés avoir harangué ses troupes , il se tourna vers nous , population réunie sur la place , en nous disant- dans un parfait français- de bien traiter les soldats allemands ; aux gamins qui s' étaient attroupés prés de son cheval - les gamins , c' est curieux - il nous donna à chacun une petite pièce en or .....Puis les soldats se sont rééquipés : certains ont embarqué dans des trains en partance pour le secteur de Verdun ; et d' autres sont partis au pied de la route de Joigny ( sur Meuse ), entre route et Meuse , afin de s' entrainer aux tirs de lance-flammes ; et on entendait de trés grands chuintements , quand le liquide était expulsé, et de grandes flammes rouges et noires sortaient et allaient s' écraser sur la pente de la Meuse; les soldats s' entrainaient tous les jours ".....Autre petite anecdote : " il n ' y avait rien à manger ,des trains remontaient des plaines du Rethélois, où il y avait " les colonies" , la WOL"; ils étaient chargés de pommes de terre , de choux , et autres ; les gamins sautaient du pont dans les waggons et jetaient des choux par dessus bord ; et puis ils descendaient , sautaient du train, qui roulait peu vite , avant Joigny , gardé par des " pépéres" , vieux Allemands , gardes-voies; on récupérait les choux , aprés ; les Allemands fermaient les yeux , car , en fait , ils bénéficiaient du système : ils avaient du tabac de fraude , venant de Belgique , productrice de tabac , vallée de la Semois, et la " goutte" coulait à flot ....Le train remontait ensuite par Givet , Dinant et Namur ( voie démontée actuellement entre Givet et Namur , " on ne sait pas trop pourquoi !?..."

 - " Petit- truc sur le Ruby-Eibar" : truc " interne" , de" porteur d' armes" ou d' anciens porteurs d' armes....." Ce sont des pétoires , fruit de l ' urgence...Mais c ' est précis , trés précis, à 25 mètres - voir du tir en film ; c' est de la petite ferraille ; mais le M.A.B , moins vieux  , c' est pareil ; à force de laisser taper le chien sur le percuteur, et son logement , arrière de la culasse ,( il n ' y a pas d' arrétoir " chargeur vide" ), petit carré détaché du bloc -culasse, taillé dans la masse, le cul ( ou la tête plutot) du percuteur se mate , s' évase , et ce " cul " élargi se coince dans le " carré - culasse porte-percuteur" , d' où : rafale , et chargeur vide ; trés gênant au tir , au pas de tir, surtout avec un " péteux" , ou un affolé ! ; sur le terrain , si besoin est , c' est dangereux ; donc , réparation oblige : la petite goupille est extraite , le percuteur et son ressort tombe ,; avec un petit marteau, et l ' étau-enclume , on reforme la base du percuteur, tout doux- tout doux ; un petit coup de papier de verre, de chiffon gras, puis sec, et  on remet tout à l ' endroit, et çà marche.....