Butte de Vauquois

La butte de Vauquois. 

 C'est une butte-témoin  au point de vue géologique , comme Montfaucon ; elle est constituée de geize, matériaux travaillable, et qui tient bien une fois creusé, tant qu' il est humide . Le Kaiser Tunnel (et les nombreux tunnels de l' Argonne: 19 allemands et 20 français ) est constitué pareillement , terrain associé à des bancs d' argile ; terrains peu fertiles , donc assez incultes, et  propices à la forèt ou aux taillis de bois de chauffe ou à charbon de bois.( en plus des mines de fer ).

 Lieu de combats de mines terribles; il y en a eu ailleurs d'aussi épouvantables, mais moins célébres. C'est ici qu'en Mai 1916 disparut   le conseiller Collignon , député, officier de réserve, préfet, mais rengagé comme simple soldat combattant , car ayant dépassé la limite d'âge; une mine d'une trentaine de tonnes d'explosifs le fit disparaitre avec quelques 105 de ses camarades...

 La butte de Vauqois, en plein milieu d'une vaste dépression, entre Argonne et Verdun était un exellent point d'observation; il était tenu au nord par les Allemands et  versant sud  par les Français; donc , pour se déloger mutuellement , le seul moyen était la mine, car l'artillerie adverse ne pouvait tirer sur les premières lignes de l'adversaire, celui ci se tenant prés d'une ligne de crête succédée des deux côtés, versant Sud , français, et versant Nord, allemand , par des pentes à 45 degrés , donc, ignaténables, intirables . 17 KM de galeries, dont les plus profondes, allemandes, trouent cette colline de " geize" , de 700mètres sur 300m . 4570 Français y sont morts; peu avant la fin de la guerre, les Allemands ont foré à 100 mètres de profondeur avec l' intention d'y placer une mine de plus de 250 tonnes d'explosifs afin de pulvériser la colline et ainsi d' éradiquer les possibilités d' observation par les Français ( " qui tient les hauts , tient les bas," par l' artillerie).

 1ere photo: côté Verdunnois ; 2 eme et 3 eme photo : côté forét de l'Argonne , forêt de la Haute Chevauchée , la Gruerie, la Harazée, Vienne le Chateau, Varennes.

 - La côte 304 , forét du Mort-Homme , n'est qu'à une dizaine de Km plein Est ; les bois de la Gruerie  ne sont  qu' à 4 -5 km de la butte, à l'ouest ; et en continuant, on tombe sur le front de Champagne, Main de Massiges , futur- camp de Suippes , et Reims : tout se tient.

 Salle des machines , côté Nord , allemand ; bloc observatoire avec deux périscopes, au haut des" galeries profondes"  allemandes ( à voir , sur sélection ! draconnienne ! le " grand parcours du combattant" , comparé à "çà" , c 'est du " parcours pour lycéenne"..

 Re-visite "des galeries profondes", ce samedi 14 Mars 2015 ,à partir du bloc-périscopes allemand: " descente aux enfers" , et vues sur toute l ' installation allemande : casernement , au pied de la butte, pour 2300 hommes, chambres d' officiers, réfectoire, salle des machine- deux- moteurs " au benzol", volants d' inertie de plus de deux mètres de diamètre " montés en deux moitiés" , pour le transport , et l ' installation, treuil géant, plots en porcelaine pour les circuits électriques d' éclairage, tuyaux de ventilation...( il n ' y a que çà qui subsiste "inside" ( benzol: carburant liquide issu de la distillation de la houille; houille, la Rhur repose dessus, sur les gisements de charbon, un peu comme la Grande-Bretagne...); lieux de vie allemande complets ,plus ou moins abrités, confort de caves humides et enfumées; les Français, eux ,vivaient dehors, dans les bois.("la cloche" , comme souvent !)  Comble de l ' abomination : les Allemands avaient monté et installé un automate qui imitait les coups de pic et les pelletées ; donc en face , les Français se disaient : " il y a quelqu 'un derrière qui sape ; donc , tranquilles !" ; et le vrai automate avec une vrai charge -de camouflet- éclatait, ensevelissant les sapeurs français sur leur chantier, qui se croyaient en sécurité du fait de la présence , à proximité , de pseudos sapeurs allemands..... Guide dixit :"A Noel 1916 , deux équipes de sapeurs , Français et Allemands, se sont trouvées nez à nez , sape contre sape, séparés par un mètre à peine de roche , face à face; et , d' un commun accord - on entend trés bien à travers la roche ( Ce samedi 14 Mars 2015, en visite dans les fonds, on entendait marcher un autre groupe de visiteurs d' une dizaine-huitaine de personnes qui descendaient , trente mètres plus haut, comme " si des gens marchaient sur un parquet" ); il y a eu " fraternisation", à travers la roche; et aucune mine n' a été posée pendant quinze jours  d' un commun accord....C' est un peu c.., la guerre.

 Pas trés loin de la butte  : "fleurs des bois" : deux obus de 105 mm allemands non tirés, goupille à la fusée DOPP, allongés contre un arbre, " et dans les bois" ( c' est grand , les bois); prochainement détruits.

 -  Pas trés loin , vers l ' ouest , même pas à dix km de l 'Argonne et quinze de Vauquois... : la Main de Massiges , avec ses " ressortis" du sol et sa bande de courageux , qui ressortent le passé , et le transmettent à d' autres , dans la boue grasse et collante de la Champagne ! (chaud-poussière-tout blanc l'été, et boue gluante-collante-lourde l'hiver quand il pleut!) ....Beau boulot .( et sans payer ! ( une sébille-lourde- pourrait être installée...( et vidée chaque soir , cf les plaques des tués de la First Div U.S, des " têtes" du Chemin des Dames , et de la fontaine Wallace de Verdun : installée la journée , et volée la nuit 450 kg " sous le bras !".)  C'est la Coloniale qui a attaqué ce secteur, en  Septembre1915 ; Coloniale , 21 eme R.I.C , 24 eme R.I.C , avec beaucoup de gars du Midi, qui ont payé un trés lourd tribut : département de l ' Aude : 40000 mobilisés , 10000 tués.( dont Léopold Sarda , de Lairière , mon grand- pére, mort car trop gazé  en 1925...) ( " j' ai "vécu" dans ces régiments, et le 13 eme RTS...").  Reconstitutions sur un terrain de trois hectares, pourri d' épines , et d' entonnoirs de mines, et de cratères d' obus , " qui devait être remis en culture....."; heureusement qu ' il a été récupéré  par une équipe de courageux, et heureusement aussi pour le paysan, qui y aurait laissé ses engins en déblayant tout et y aurait peut-être laissé tracteur et peau...

 Pas trés loin : Forét d' Argonne ,( pdeudo) abri du Kronprinz - en fait , P.C de division ou de corps d' armée : une entrée de sape-stollen encore en l ' état , non effondrée, mais noyée. C'est là , dans les parages, un peu identiques -en plus petit- que la Butte de Vauquois , que se trouve toute une ligne de cratères de mines , étagée sur 1400 mètres, sur le haut d' une petite crête ( dont une mine allemande avec 62,5 tonnes d' explosifs!)...Et c ' est là aussi que Marc Bloch écrit , aprés avoir retraité, 72 eme R.I," de Virton à Larzicourt" ( prés du lac du Der actuel !), puis être remonté jusqu' aux bois de la Gruerie : " Janvier 1915, " Ecrits de guerre": nous manquions de tout ; nous étions trempés, pataugeant dans la boue de l ' Argonne, avec le fusil et sa bayonette; en face , ils avaient de tout: de l ' artillerie lourde de 150mm, du 210mm ,du minenwerfer de 240 mm qui faisait , en vol, lent , un bruit de locomotive...Ils avaient des échelles , des grenades ( " sphériques, à mèche, tirées du parc du génie de Metz du 19 eme siècle !),des planches , des madriers ,des téléphones ...."

  Les Français se débattaient dans une trés grande misère , avec peu de moyens, des contre-attaques incessantes et meurtrières, pour pallier au manque de tout ; zones de combat des Garibaldiens , à la Bolante, cimetière et monument à Lachalade- belle abbaye cistercienne, préservée; village de bucherons, charbonniers, etc de 600 âmes en 1900 , et passé aprés la guerre à 80 âmes-jamais remonté ( comme de nombreux villages de l ' Aisne ou des fronts )...Mais surtout , ILS avaient des périscopes , Zeiss oblige, et débrouille oblige, ce qui leurs permettait de voir sans être vus , alors qu ' en face, en mettant le nez dehors, le pauvre soldat prenait une balle entre les yeux...Puis , quand même , les périscopes français apparurent, surtout civils , en carton ( sous la pluie , c ' était extra ).

 Et des mines , il n 'y en a pas que là :- Messines - Messen , en passant sous le canal  prés de la Douve , pour aller pétarder les Allemands ( et coup de main canadien ) ; il reste , sous une ferme en activité , un pétard de 25 tonnes non explosé , noyé ..

Il y a eu une mine géante , de plus d' un Km de long , sous la tranchée allemande , faite avec 450 tonnes d' exolosifs= 1o.ooo Allemands tués, attaque anglaise pour prendre le terrain de la petite colline de Messen , 80 mètres de haut . Mais ..aussi :-  Berry au BAC , côte 108, prés du port du canal - face au monument des chars de la RN Reims-Laon...Et col de la Chapelotte, mai 1915 , pétard allemand  de 80 tonnes, et d' autres, le Cratère , et les lignes d' entonnoirs de la Haute Chevauchée , du Four de Paris , ou de Lintrey ,  et Flirey-Mortmare , sud  saillant de Saint-Mihiel ,Crête des Eparges,Tahure , et celui du site de Massiges ,....etc..... Grosses industries chimiques allemandes ,qui tournaient à plein régime; Mais  avec le blocus, ils ne pouvaient plus importer le nitrate du Chili, produit nécessaire à l'élaboration de l'explosif : pas grave : ils pompaient l ' azote de l ' air et d' ailleurs , en parfaits champions des erzasts , trés débrouillards (  -  vu il a peu de temps , en passant prés d' un ancien camp allemand de l ' Argonne , un gars avec une baïonnette erzasts de fouille qu'il  venait de sortir d' un talus de minuscule route - 15 Aout- ; arrét , "bonjour, vous venez de sortir çà ?(au détecteur, quand même, pas profond, talus de route minuscule!)...et elle pique, la bayonnette et elle tranche , même rouillée ! bravo et au revoir "; "bravo les factoriés!" aprés 98 ou 100 ans dans le sol)( sol de l ' Argonne, donc argileux).

 ... Autres mines ....: mine de cinq tonnes de "gelatina dinamita" italienne , au Colle di Lana , Dolomites , contre la " ville souterraine" autrichienne , creusée dans un glacier , et sautée le 17 Avril 1916.....150 Autrichiens ensevelis; et 8000 Italiens morts de froid , de misère, d' éboulements , de chutes, plus que de tirs ennemis, dans les parages du Lana ou du Panetone....